Trouble Bipolaire et SCHIZOPHRENIE : des morceaux de génétique en commun


Trouble Bipolaire et SCHIZOPHRENIE : des morceaux de génétique en commun

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L’ADN des tempêtes intérieures : quand bipolaire et schizophrénie partagent leurs gènes

Imaginez deux rivières tumultueuses qui, sous la surface, partagent les mêmes courants souterrains. Le trouble bipolaire et la schizophrénie, ces deux géants de la psychiatrie, pourraient bien avoir plus en commun qu’on ne le pensait. Une récente plongée dans les abysses de notre génome révèle des paysages ADN surprenants où ces pathologies s’entremêlent, particulièrement dans leurs formes les plus complexes. Comme si notre code génétique jouait aux échecs en déplaçant les mêmes pièces pour composer différentes parties mentales.

Le ballet des diagnostics : un pas de deux génétique

Psychiatrie et neurologie forment un couple étrange : là où l’une observe les symptômes, l’autre traque leurs origines cellulaires. Pourtant, certaines frontières diagnostiques résistent, fragiles comme du verre soufflé :

  • Le trouble bipolaire type 1 : ces montagnes russes émotionnelles où les épisodes maniaques peuvent emporter le patient vers des rivages psychotiques
  • Le spectre schizoaffectif : cet entre-deux mystérieux où humeur et psychose dansent un tango désynchronisé
  • La schizophrénie : cette forêt de signes où les hallucinations deviennent paysage permanent

« La génétique vient brouiller ces catégories comme un vent violent redistribue les feuilles d’un arbre généalogique. Ce qui semblait séparé partage en réalité des racines communes. »

CNV : les fautes de copie qui écrivent notre vulnérabilité

Quand l’ADN se fait plagiaire

Les variants du nombre de copies (CNV) sont ces erreurs de transcription que notre génome accumule comme un scribe fatigué. Certains passages d’ADN se retrouvent copiés en multiples exemplaires, ou au contraire effacés par mégarde. Imaginez un livre de recettes où certaines instructions seraient répétées à l’infini tandis que d’autres disparaîtraient – le gâteau mental n’aurait plus la même saveur.

Le poids des raretés

L’étude révèle un fait crucial : ce sont principalement les CNV rares, ces anomalies peu fréquentes dans la population, qui pèsent sur la balance du risque. Comme si notre vulnérabilité psychiatrique dépendait moins des variations communes que de ces accidents génétiques uniques, ces tempêtes ADN qui frappent au hasard des existences.

Score polygénique : l’algorithme de nos fragilités

Les chercheurs ont développé une sorte de calculatrice du risque, un outil statistique qui additionne les petites contributions de centaines de variants génétiques. Chaque minuscule variation – une base ADN changée ici, une séquence modifiée là – vient alourdir ou alléger la probabilité de développer une schizophrénie.

Ce qui fascine, c’est que ce score ne s’applique pas qu’aux schizophrènes. Il résonne aussi chez certains bipolaires, particulièrement ceux qui flirtent avec la psychose. Comme si notre ADN refusait les cases diagnostiques trop étroites, préférant dessiner un continuum où les maladies s’échangent leurs couleurs.

Schizoaffectif : le pont entre deux mondes

Le trouble schizoaffectif émerge de cette étude comme un phénotype charnière, un territoire génétique intermédiaire où les signatures ADN de la schizophrénie et du trouble bipolaire se superposent partiellement. Les patients présentant cette double symptomatologie portent en eux des empreintes génétiques hybrides :

  • Une charge en CNV comparable à celle des schizophrènes
  • Un score polygénique qui oscille entre les deux pathologies
  • Des particularités génomiques qui pourraient expliquer leur tableau clinique complexe

Ces découvertes suggèrent que notre classification des maladies mentales pourrait avoir besoin d’une révision à l’aune de la génétique. Peut-être faudra-t-il un jour cartographier les troubles psychiatriques non plus seulement par leurs symptômes, mais par leurs signatures moléculaires.

Et demain ? Vers une psychiatrie génomique

Ces travaux ouvrent des perspectives vertigineuses. Si bipolaire et schizophrénie partagent des mécanismes biologiques, peut-être pourrons-nous :

  • Développer des traitements ciblant ces vulnérabilités communes
  • Affiner les diagnostics grâce à des marqueurs génétiques
  • Mieux comprendre pourquoi certains médicaments fonctionnent dans les deux pathologies

Mais cette révolution génétique ne doit pas nous faire oublier l’essentiel : derrière chaque variant ADN, il y a un visage, une histoire, une personne qui ne se réduit pas à son code génétique. La science nous donne des clés pour comprendre – l’humanité nous dicte comment les utiliser.

Comme le disait un chercheur de l’étude : « Nos gènes ne déterminent pas notre destin, mais ils écrivent les lignes sur lesquelles nous devrons danser. » Reste à apprendre les pas de cette chorégraphie intime entre biologie et existence.

Référence scientifique

Cross-Disorder Group of the Psychiatric Genomics Consortium. (2019). Contribution of rare copy number variants to bipolar disorder risk is limited to schizoaffective cases. *Biological Psychiatry*, *86*(2), 110–119. https://doi.org/10.1016/j.biopsych.2018.12.009

Jean-Baptiste ALEXANIAN

Alexanian, J.-B. (2025). Trouble Bipolaire et SCHIZOPHRENIE : des morceaux de génétique en commun. [Article de blog]. URL: https://www.youtube.com/watch?v=Iq-kgtfVGP0

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