TDAH : Le METHYLPHENIDATE rendez PSYCHOTIQUE SCHIZOPHRENE #FAKENEWS


TDAH : Le METHYLPHENIDATE rendez PSYCHOTIQUE SCHIZOPHRENE #FAKENEWS

Illustration pour TDAH : Le METHYLPHENIDATE rendez PSYCHOTIQUE   SCHIZOPHRENE #FAKENEWS

Méthylphénidate et psychose : démêler le vrai du faux dans une tempête médiatique

Depuis que la Ritaline® et ses cousins pharmacologiques ont investi le champ des traitements du TDAH, une légende noire persiste : ces molécules ouvriraient les portes de la psychose. Comme un écho aux vieilles peurs entourant la psychiatrie, certains titres alarmistes transforment le méthylphénidate en dangereux perturbateur mental. Mais que dit vraiment la science ? Plongeons dans les eaux troubles des idées reçues, à la lumière d’une étude récente parue dans le New England Journal of Medicine.

La psychose en embuscade : mythe ou réalité clinique ?

Imaginez un médicament comme un passeur chimique, facilitant la traversée synaptique des neurotransmetteurs. Le méthylphénidate agit précisément ainsi, optimisant les échanges de dopamine et de noradrénaline – ces messagers de l’attention et de la motivation. Mais cette action sur le système nerveux central nourrit des craintes : et si ce réglage pharmacologique déréglait l’équilibre mental ?

« L’étude montre que le risque absolu reste infime : 0,1% sous méthylphénidate, soit 1 cas pour 1000 patients. C’est moins que le risque d’accident grave en voiture sur un trajet quotidien. »

L’étude de Moran et al. (2019) apporte une réponse chiffrée à cette inquiétude. En analysant les données de 221 846 jeunes patients traités, les chercheurs ont mesuré l’incidence des épisodes psychotiques (hallucinations, délires) nécessitant un diagnostic ou un traitement antipsychotique. Les résultats sont éloquents :

  • 0,78 cas pour 1000 patients sous méthylphénidate
  • 1,78 cas pour 1000 patients sous amphétamines (non disponibles en France)

Pharmacologie comparée : pourquoi cette différence ?

La disparité entre les deux classes de médicaments s’éclaire lorsqu’on observe leur mécanisme d’action. Si les deux substances augmentent la disponibilité de la dopamine – souvent pointée du doigt dans les psychoses – elles ne le font pas de la même manière. Le méthylphénidate agit comme un frein modéré, bloquant partiellement la recapture de la dopamine existante. Les amphétamines, elles, appuient sur l’accélérateur en forçant la libération massive de ce neurotransmetteur.

Cette nuance pharmacologique explique peut-être pourquoi le risque double avec les amphétamines. Comme le souligne l’étude, il ne s’agit pas d’une différence aléatoire, mais d’une variation cohérente avec nos connaissances neurobiologiques. Pour autant, même avec les amphétamines, le risque reste exceptionnel : il faudrait traiter 660 patients pour observer un seul cas de psychose induite.

Au-delà des chiffres : l’art délicat de la prescription

Ces données ne signifient pas que le risque est nul. En médecine, comme en navigation, l’absence de tempête ne dispense pas de vérifier les cartes. Certains profils demandent une vigilance accrue :

  • Antécédents personnels ou familiaux de troubles psychotiques
  • Consommation concomitante de substances psychoactives
  • Apparition de symptômes prodromiques (idées paranoïdes, distorsions perceptives)

Mais ces précautions ne doivent pas occulter l’essentiel : pour la majorité des patients, le traitement représente un filet de sécurité contre les conséquences délétères du TDAH non traité – échec scolaire, exclusion sociale, troubles anxiodépressifs. Comme le rappelle un psychiatre interrogé dans l’étude : « Le risque de ne pas traiter un TDAH sévère est souvent bien supérieur au risque de traitement. »

Conclusion : désamorcer les peurs, sans baisser la garde

L’ombre de la psychose plane toujours sur les traitements du TDAH, alimentée par des récits anxiogènes et des extrapolations hasardeuses. Pourtant, les données actuelles dessinent un paysage bien différent : le méthylphénidate reste un médicament sûr, avec un profil de risque psychotique comparable à celui de nombreux antidépresseurs ou antiépileptiques.

Cette étude vient rappeler une vérité trop souvent oubliée : en médecine, les certitudes fracassantes sont rarement scientifiques. Entre le « risque zéro » illusoire et les alertes catastrophistes, il existe une voie étroite – celle de l’évaluation nuancée, au cas par cas, guidée par des preuves solides plutôt que par des peurs fantasmées. Pour les patients et leurs familles, cette perspective raisonnée est peut-être la plus rassurante qui soit.

Référence scientifique

Moran, L. V., Ongur, D., Hsu, J., Castro, V. M., Perlis, R. H., & Schneeweiss, S. (2019). Psychosis with methylphenidate or amphetamine in patients with ADHD. *New England Journal of Medicine, 380*(12), 1128–1138. https://doi.org/10.1056/NEJMoa1813751

Jean-Baptiste ALEXANIAN

Alexanian, J.-B. (2025). TDAH : Le METHYLPHENIDATE rendez PSYCHOTIQUE SCHIZOPHRENE #FAKENEWS. [Article de blog]. URL: https://www.youtube.com/watch?v=vfMDmdfpiJE

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *