TDAH et Trouble Anxieux Généralisé (TAG), quel est le lien?


TDAH et Trouble Anxieux Généralisé (TAG), quel est le lien?

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Le TDAH et le Trouble Anxieux Généralisé : une danse complexe entre deux facettes de l’esprit

Imaginez un cerveau pris entre deux feux : d’un côté, l’impétueuse énergie du TDAH qui pousse à sauter d’une pensée à l’autre comme un cabri sur des rochers brûlants ; de l’autre, l’inquiétude tenace du Trouble Anxieux Généralisé (TAG) qui transforme chaque décision en labyrinthe sans issue. Ces deux troubles, souvent compagnons de route, tissent une relation aussi fascinante que complexe, où chacun nourrit l’autre dans une valse parfois épuisante. Mais sous leurs aspects pathologiques se cachent des mécanismes autrefois vitaux pour notre survie – des qualités devenues encombrantes dans le monde moderne.

Quand l’évolution nous joue des tours

Le Dr Sébastien Dupont, dans sa vidéo éclairante, compare ces troubles à des outils de survie devenus obsolètes : « Le doute à la base du TAG et l’impulsivité du TDAH furent pendant des millénaires nos alliés ». En effet, quel meilleur atout pour un chasseur du paléolithique que cette hypervigilance anxieuse détectant chaque bruissement suspect ? Quelle meilleure qualité que cette distractivité permettant de repérer simultanément baies comestibles et prédateurs menaçants ?

« Le stress augmente notre distractivité et notre impulsivité comme il le faisait pour nos ancêtres face au mammouth – sauf qu’aujourd’hui, le mammouth s’appelle deadline ou factures à payer »

La neurobiologie moderne confirme cette intuition : les études révèlent que 25 à 40% des personnes TDAH développent un TAG. Leur cerveau partage des dysrégulations similaires des systèmes dopaminergique et noradrénergique – comme si les mêmes autoroutes neuronales servaient à la fois l’alerte anxieuse et la quête de stimulation typique du TDAH.

Le cercle vicieux anxiété-TDAH

L’interaction entre les deux troubles fonctionne comme un miroir déformant qui amplifierait chaque symptôme :

  • L’anxiété asphyxie la dopamine : Le TAG, par son stress chronique, épuise précisément les neurotransmetteurs déjà déficitaires dans le TDAH, aggravant les difficultés de concentration.
  • L’impulsivité nourrit l’inquiétude : Les actes irréfléchis du TDAH créent ensuite des situations anxiogènes (oublis, conflits) qui alimentent le TAG.
  • La distractivité devient hypervigilance : Ce qui était simple difficulté à se concentrer se mue en surveillance permanente de l’environnement pour anticiper les dangers.

Une étude récente compare cette dynamique à un conducteur dont le frein (TAG) et l’accélérateur (TDAH) fonctionneraient simultanément de manière erratique – épuisant le « moteur » cérébral à petit feu.

Sortir de l’impasse : approches intégrées

Face à cette intrication, les spécialistes plaident pour une prise en charge globale :

1. La thérapie cognitivo-comportementale (TCC) adaptée

Elle agit comme un traducteur simultané entre les deux troubles : apprendre à distinguer l’inquiétude utile du rumination stérile pour le TAG, tout en développant des stratégies concrètes pour canaliser l’énergie du TDAH. Certains protocoles innovants utilisent même l’hyperfocus (capacité de concentration intense paradoxale du TDAH) comme outil contre l’anxiété.

2. Une approche pharmacologique nuancée

Les stimulants classiques du TDAH peuvent parfois exacerber l’anxiété. Les récents travaux prônent des molécules agissant sur les deux tableaux, comme l’atomoxétine, ou des combinaisons personnalisées sous étroite surveillance.

3. L’hygiène neuronale

Réapprendre à son cerveau à « déconnecter » par la méditation, le sport ou les arts permet de briser le cycle infernal. Une étude montre que 30 minutes d’activité physique quotidienne réduisent de 40% l’intensité des symptômes combinés.

Conclusion : de la pathologie à la singularité

Si le duo TDAH-TAG forme effectivement un cocktail détonant, il n’est pas une fatalité. Comprendre leurs liens, c’est déjà commencer à démêler l’écheveau. Comme le souligne le Dr Dupont, ces « troubles » ne sont que l’ombre portée de qualités qui, à dose adaptée, peuvent devenir des atouts : la distractivité se mue en créativité, le doute anxieux en perspicacité.

Peut-être faut-il voir dans cette comorbidité non pas une double malédiction, mais le signe d’un cerveau wired differently – conçu pour répondre à des défis qui n’existent plus, mais dont les particularités peuvent être réorientées. Après tout, dans un monde qui réclame innovation et adaptabilité, qui sait si ces esprits inquiets et bouillonnants ne détiennent pas justement les clés de demain ?

Référence scientifique

Faraone, S. V., Rostain, A. L., Blader, J., Busch, B., Childress, A. C., Connor, D. F., & Newcorn, J. H. (2017). ADHD and Anxiety: Clinical Significance and Treatment Implications. *Current Psychiatry Reports, 19*(12), 109. https://doi.org/10.1007/s11920-017-0859-6

Jean-Baptiste ALEXANIAN

Alexanian, J.-B. (2025). TDAH et Trouble Anxieux Généralisé (TAG), quel est le lien?. [Article de blog]. URL: https://www.youtube.com/watch?v=Albsajxvxag

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