Réguler ses émotions, Cécile Jarleton, Psychologue, nous explique tout !


Réguler ses émotions, Cécile Jarleton, Psychologue, nous explique tout !

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L’art délicat d’apprivoiser ses émotions : leçons de psychologie avec Cécile Jarleton

Imaginez un instant vos émotions comme un fleuve capricieux. Tantôt calme et cristallin, tantôt tumultueux et débordant. Comment naviguer ces eaux changeantes sans se laisser submerger ? Cécile Jarleton, psychologue et doctorante en psychologie du travail, nous guide à travers les méandres fascinants de la régulation émotionnelle. Un voyage scientifique qui commence par une rencontre inattendue… avec un ours.

Le ballet des émotions : comprendre le processus invisible

« Toute émotion naît d’une rencontre », explique Cécile Jarleton avec cette élégance pédagogique qui caractérise les grands vulgarisateurs. « Prenez l’exemple classique de l’ours dans les manuels de psychologie : un stimulus externe qui déclenche la peur. » Mais dans notre vie quotidienne, l’ours se métamorphose : un email professionnel anxiogène, une pensée intrusive, un souvenir douloureux.

La psychologue déroule alors le processus émotionnel tel un parchemin scientifique :

  • La situation « fayante » (ce terme savant désignant simplement ce qui nous affecte)
  • L’orientation de l’attention vers ce stimulus
  • L’évaluation cognitive – notre interprétation personnelle de l’événement
  • La réponse émotionnelle proprement dite

« Ce qui est fascinant, c’est que ce mécanisme universel emprunte toujours les mêmes autoroutes neuronales, qu’il s’agisse de joie ou de colère », souligne la chercheuse.

L’effet papillon des émotions refoulées

Si le processus semble linéaire, sa régulation relève davantage d’un art subtil. Les travaux de Richards, Butler et Gross (2003) jettent une lumière crue sur un piège courant : la dissimulation émotionnelle. Imaginez devoir sourire lors d’un dîner avec votre partenaire alors qu’une dispute vous ronge intérieurement. Cet effort a un coût cognitif insoupçonné.

L’étude révèle que :

  • La suppression émotionnelle réduit significativement les capacités mnésiques
  • Elle accapare des ressources mentales normalement dédiées à d’autres tâches
  • Ce phénomène crée une « dette cognitive » qui affecte la qualité des interactions

« C’est comme essayer de retenir sa respiration tout en courant un marathon », image Cécile Jarleton. « L’énergie dépensée à contenir nos émotions nous épuise et appauvrit nos relations. »

Transférer l’équilibre : quand les loisirs réparent le travail

La thèse de Cécile Jarleton ouvre une perspective novatrice : et si nos activités extraprofessionnelles devenaient des laboratoires de régulation émotionnelle ? « Le yoga du weekend, la peinture du mercredi soir – ces pratiques développent des compétences transférables au bureau », explique-t-elle.

Trois mécanismes se dégagent :

  • L’effet miroir : les stratégies apprises en contexte détendu s’exportent aux situations tendues
  • La porosité constructive : savoir établir des frontières flexibles entre sphères de vie
  • L’apprentissage émotionnel différé : le cerveau généralise les expériences positives

Cette approche révolutionne la conception traditionnelle de la régulation émotionnelle. Il ne s’agit plus seulement de gérer l’urgence affective, mais de cultiver un écosystème émotionnel résilient.

Vers une intelligence émotionnelle durable

Alors comment naviguer ce nouveau paradigme ? Cécile Jarleton esquisse des pistes :

1. Identifier ses « ours » personnels : ces stimuli déclencheurs uniques à chacun. « La colère d’un collègue peut être mon ours à moi », illustre-t-elle.

2. Pratiquer l’observation sans jugement : « Avant de réguler, il faut apprendre à regarder ses émotions comme des nuages passagers. »

3. Cultiver des « ponts » entre sphères de vie : « Une respiration apprise en méditation peut devenir un ancrage pendant une réunion houleuse. »

« La régulation émotionnelle idéale n’est ni la suppression ni l’expression brute, mais cette alchimie subtile qui transforme l’énergie affective en force créatrice », conclut la psychologue.

Et si finalement, réguler ses émotions revenait à devenir le jardinier de son paysage intérieur ? Apprendre à distinguer les saisons affectives, à sarcler les pensées envahissantes, à irriguer les terrains arides. Un art de vivre plus qu’une technique, où science et poésie se rejoignent dans le creuset de l’expérience humaine.

Référence scientifique

Richards, J., Butler, E., & Gross, J. (2003). Emotion regulation in romantic relationships: The cognitive consequences of concealing feelings. *Journal of Social and Personal Relationships, 20*(5), 599–620. https://doi.org/10.1177/02654075030205002

Jean-Baptiste ALEXANIAN

Alexanian, J.-B. (2025). Réguler ses émotions, Cécile Jarleton, Psychologue, nous explique tout !. [Article de blog]. URL: https://www.youtube.com/watch?v=whu5vZSJMfk

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