PARACETAMOL pendant la grossesse et TDAH


PARACETAMOL pendant la grossesse et TDAH

Illustration pour PARACETAMOL pendant la grossesse et TDAH

Paracétamol et grossesse : l’ombre discrète du TDAH

Une migraine tenace, une fièvre qui monte, une douleur sourde dans les lombaires… Pour beaucoup de femmes enceintes, le paracétamol semble un refuge anodin, un allié chimique sans danger. Pourtant, derrière cette apparente innocence moléculaire, des études récentes tracent une ligne d’inquiétude : et si ce comprimé blanc, avalé sans y penser, modifiait subtilement le destin neurologique de l’enfant à naître ?

L’équation statistique : 25 % de risque en plus

Imaginez un livre dont certaines pages s’effacent tandis que d’autres s’impriment en gras. C’est un peu ce que suggèrent les recherches sur le paracétamol et l’épigénétique. L’étude de G. K. et al. (2017) révèle que l’exposition prénatale prolongée à ce médicament altère la méthylation de l’ADN – ces marques chimiques qui régulent l’expression des gènes. Chez les enfants dont les mères ont consommé du paracétamol, certains gènes liés au TDAH (Trouble du Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité) portent des signatures épigénétiques différentes.

« Une augmentation de 25 % du risque ne signifie pas 25 % de chances absolues, mais un quart de plus par rapport à la baseline. Si le hasard offre 10 %, le paracétamol porterait ce chiffre à 12,5 %. »

Cette nuance est cruciale. Elle dessine non pas une condamnation, mais une probabilité – une ombre portée sur le développement cérébral, dont l’intensité dépendrait de la durée d’exposition et du terrain génétique.

Le mystère de la causalité : le paracétamol ou ce qu’il soulage ?

Prendre un médicament, c’est toujours répondre à un signal d’alarme. Fièvre, infection, stress… Et si le vrai coupable n’était pas le paracétamol lui-même, mais les circonstances qui poussent à l’utiliser ? Une méta-analyse intrigante (X. G. et al., 2019) montre qu’un événement stressant majeur pendant la grossesse augmente le risque de TDAH dans les mêmes proportions (25 %). Comme si la vie, dans sa brutalité, pouvait elle aussi laisser des cicatrices épigénétiques.

Les scientifiques avancent prudemment :

  • Le paracétamol pourrait perturber les hormones thyroïdiennes, essentielles au développement neural.
  • Il oxyderait certains lipides cérébraux du fœtus, modifiant la communication neuronale.
  • Ou peut-être n’est-il qu’un marqueur – le témoin d’un stress ou d’une inflammation sous-jacente.

Épigénétique : quand l’ADN se souvient

Penser l’ADN comme un texte immuable est une illusion. C’est un palimpseste, un parchemin sans cesse annoté. La méthylation en est l’encre invisible – elle souligne certains mots (gènes), en masque d’autres. L’étude de 2017 a identifié des zones où cette encre diffère chez les enfants exposés au paracétamol, notamment près des gènes DRD4 et COMT, impliqués dans la dopamine et donc… dans le TDAH.

Ces modifications ne sont pas des mutations, mais des réglages fins. Comme si le cerveau en construction recevait des instructions légèrement brouillées – assez pour que l’attention ou l’impulsivité en soient affectées des années plus tard.

Que faire ? Prudence sans panique

Faut-il bannir le paracétamol pendant neuf mois ? Non. Mais l’utiliser comme on manipule une lampe torche dans une pièce sombre : avec parcimonie et précision. Les recommandations actuelles suggèrent :

  • Éviter les prises prolongées (plus de 3 jours sans avis médical).
  • Privilégier les doses minimales efficaces.
  • Ne pas substituer par des anti-inflammatoires (dangereux pour le fœtus).

Car au-delà des chiffres, ces études rappellent une vérité vertigineuse : la grossesse est une conversation chimique entre la mère et l’enfant. Chaque molécule, chaque stress, chaque émotion participe à ce dialogue – parfois en chuchotant, parfois en criant. Le paracétamol n’est qu’un mot dans cette langue complexe. À nous de le prononcer avec justesse.

Conclusion : dans l’attente des preuves

La science avance à pas feutrés. Pour l’instant, le paracétamol reste le moins pire des analgésiques pendant la grossesse. Mais ces 25 % de risque supplémentaire sont un rappel : même l’innocence apparente mérite examen. Comme l’écrivait Gaston Bachelard, « Rien ne va de soi. Rien n’est donné. Tout est construit. » Même – et surtout – le cerveau d’un enfant.

Référence scientifique

G. K., H. N., E. Y., T. R., & L. R. (2017). Long-term prenatal exposure to paracetamol is associated with DNA methylation differences in children diagnosed with ADHD. *Clinical Epigenetics, 9*(1), 1-12. https://doi.org/10.1186/s13148-017-0376-9

Jean-Baptiste ALEXANIAN

Alexanian, J.-B. (2025). PARACETAMOL pendant la grossesse et TDAH. [Article de blog]. URL: https://www.youtube.com/watch?v=06ryJLTnV-E

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