Les diagnostics en Psychiatre : l’exemple du trouble BORDELINE et du TDAH

Les frontières mouvantes de l’esprit : quand borderline et TDAH s’entrelacent
La psychiatrie est une cartographie de l’âme où les frontières diagnostiques ressemblent parfois à ces anciennes mappemondes où les continents se confondaient avec les fantasmes des explorateurs. Parmi ces territoires mal délimités, deux entités cliniques – le trouble borderline et le TDAH – dansent un tango nosologique aussi fascinant que déroutant. Comme le souligne une abonnée dans une vidéo récente, ces diagnostics posent une question fondamentale : et si nos classifications psychiatriques étaient des vases communicants plutôt que des cases étanches ?
Le borderline : un kaléidoscope émotionnel
Imaginez porter toute votre vie des lunettes déformantes qui teinteraient chaque relation d’une angoisse visqueuse, chaque émotion d’une intensité volcanique. C’est cette expérience que décrivent les personnes atteintes de trouble de la personnalité borderline (TPL), une pathologie où le sentiment de vide existentiel se mêle à une labilité émotionnelle comparable aux caprices d’un ciel d’avril. Les relations interpersonnelles y deviennent des montagnes russes, alternant entre idolâtrie et rejet féroce – ce que les cliniciens nomment avec pudeur « clivage ».
« Ce n’est pas un trouble fondamental, mais plutôt une combinaison de plusieurs briques psychopathologiques », suggère l’expert dans sa vidéo. Comme si le borderline était le point de convergence de plusieurs affluents émotionnels.
TDAH : l’art du zapping mental
À l’autre bout du spectre, le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) se présente comme une symphonie neuronale désaccordée. Certains patients ressemblent à ces penseurs médiévaux qui croyaient la terre plate – leur attention ne dépasse pas l’horizon des cinq prochaines minutes. D’autres au contraire carburent à une énergie frénétique, comme si leur système nerveux fonctionnait à l’énergie solaire par temps de canicule. Pourtant, sous cette apparente dichotomie, se cache un dénominateur commun : l’impulsivité, cette compulsion à agir avant même que la pensée n’ait achevé son cheminement.
L’intrigante liaison dangereuse
La recherche révèle une comorbidité troublante : jusqu’à 70% des patients borderline présenteraient des symptômes de TDAH (OJ & E, 2014). Cette convergence n’est pas fortuite. L’étude de S et al. (2018) montre comment l’impulsivité – trait cardinal du TDAH – pourrait servir de terreau au développement ultérieur d’un TPL. Imaginez un enfant dont le cerveau fonctionne comme un moteur sans régulateur de vitesse : les échecs accumulés, les réprimandes constantes et l’incompréhension sociale creuseraient progressivement ce sentiment de vide si caractéristique du borderline.
Les travaux de DE & JD (2019) identifient trois ponts entre ces troubles :
- La dysrégulation émotionnelle (tempêtes affectives sans préavis)
- L’impulsivité (ces actes qui précèdent la pensée)
- Les difficultés relationnelles (ces malentendus qui s’accumulent comme des dettes)
Vers une psychiatrie des briques élémentaires
Et si au lieu de cataloguer des syndromes, nous cherchions les unités fondamentales de la souffrance psychique ? Le parallèle avec les troubles anxieux est éclairant : un même médicament peut soulager à la fois l’obsessionnel prisonnier de ses rituels et le phobique cloué au sol par ses peurs. De même, traiter le TDAH chez un patient borderline – cette « brique » élémentaire de distractivité – peut apaiser toute la constellation symptomatique.
Cette approche transnosographique ouvre des perspectives cliniques prometteuses :
- Dépister précocement le TDAH pour prévenir l’éclosion d’un TPL
- Utiliser des molécules comme le méthylphénidate comme « régulateur de vitesse » neuronal
- Intégrer des thérapies cognitivo-comportementales adaptées à ces deux dimensions
Conclusion : l’art du diagnostic comme œuvre impressionniste
La psychiatrie du XXIe siècle ressemble de moins en moins à un manuel de botanique où chaque trouble serait une espèce bien distincte. Elle s’apparente plutôt à ces tableaux impressionnistes où les couleurs se mélangent pour former une vérité plus subtile. Borderline et TDAH nous enseignent que derrière les étiquettes diagnostiques se cache une mosaïque de vulnérabilités élémentaires. Comme le suggère si poétiquement notre expert vidéo : « Traiter une brique fondamentale, c’est parfois réparer tout l’édifice ». Reste à apprendre l’art délicat de distinguer, dans le chaos des symptômes, ces pierres angulaires de la souffrance humaine.
Référence scientifique
– OJ, S., & E, S. (2014). Is ADHD an early stage in the development of borderline personality disorder? *Nordic Journal of Psychiatry, 68*(5), 289-295. https://doi.org/10.3109/08039488.2013.841992
– S, W., R, N., P, P., P, C., E, R., E, P., A, D., & N, P. (2018). Screening for attention-deficit/hyperactivity disorder in borderline personality disorder. *Journal of Affective Disorders, 226*, 85-91. https://doi.org/10.1016/j.jad.2017.09.027
– DE, B., & JD, M. (2019). Borderline Personality Features Mediate the Association Between ADHD, ODD, and Relational and Physical Aggression in Girls. *Journal of Attention Disorders, 23*(12), 1434-1444. https://doi.org/10.1177/1087054718797445