Le QI baisse? Sommes nous de plus en plus bêtes?

Le déclin de l’intelligence : une idée qui ne tient pas la route
Par une ironie du sort qui n’aurait pas échappé à Socrate, nous vivons à une époque où l’accès au savoir n’a jamais été aussi aisé, pourtant certains s’interrogent : ne serions-nous pas en train de devenir plus bêtes ? Cette question provocante, qui fleure bon le catastrophisme ambiant, mérite qu’on y pose un regard nuancé – à la fois scientifique et littéraire. Car derrière cette interrogation se cache un mystère bien plus captivant : celui de l’évolution de notre intelligence collective.
L’effet Flynn : quand les courbes s’envolent
Imaginez un thermomètre qui, au lieu de mesurer la température, évaluerait notre vivacité d’esprit. C’est en substance ce que représente le QI, cet indice imparfait mais persistant. Comme le révèle l’étude monumentale de Pietschnig et Voracek (2015), ce thermomètre cognitif affiche une hausse constante depuis un siècle – un phénomène baptisé « effet Flynn ».
L’analyse de 4 millions de participants dans 31 pays montre une progression d’environ 3 points par décennie, soit l’équivalent intellectuel d’une petite révolution silencieuse chaque génération.
Cette ascension rappelle celle d’une montgolfière : parfois rapide (aux États-Unis où le QI gagne un point tous les quatre ans), parfois plus lente (comme en Angleterre), mais toujours orientée vers le haut. La Chine, avec sa croissance économique fulgurante, voit son QI progresser à un rythme qui ferait pâlir d’envie bien des boursicoteurs.
Les ingrédients de l’intelligence collective
Un cocktail de progrès
Si l’intelligence humaine était une plante, elle pousserait aujourd’hui dans une serre aux conditions optimales :
- L’éducation : ce terreau fertile où s’enracinent les concepts abstraits
- La nutrition : cet engrais cérébral qui nourrit les neurones
- La stimulation précoce : cette lumière artificielle qui fait fleurir les potentialités
Comme le note avec justesse la vidéo des Fous de Normandie, nous prenons simplement mieux soin de nos cerveaux – dès le ventre maternel jusqu’aux bancs de l’université. Une attention particulière portée aux cas les plus fragiles contribue également à élever la moyenne, comme on relève le niveau d’un lac en comblant ses parties les plus basses.
Nuages à l’horizon : quand la progression ralentit
Pourtant, toute médaille a son revers. Certains pays industrialisés voient leur courbe s’aplatir, comme un athlète qui approcherait de ses limites physiologiques. Ce plateau intrigue les scientifiques :
Les hypothèses en balance
Serions-nous face à un plafond de verre biologique ? Ou bien les distractions numériques joueraient-elles le rôle de saboteurs cognitifs ? L’étude de Pietschnig et Voracek ouvre cette boîte de Pandore sans trancher définitivement, laissant la communauté scientifique débattre avec passion.
Une chose est certaine : si l’intelligence était une monnaie, son inflation séculaire semble marquer une pause dans certaines économies développées. Faut-il y voir un signe avant-coureur ou simplement un réajustement temporaire ? L’histoire nous le dira.
Conclusion : l’intelligence en mouvement perpétuel
Alors, devenons-nous plus bêtes ? La réponse est un non retentissant, mais nuancé. Comme un fleuve qui tantôt s’élargit, tantôt se resserre, l’intelligence humaine suit son cours, modelée par les rives changeantes de notre environnement.
Peut-être devrions-nous moins nous inquiéter de la pente de la courbe que de ce que nous en faisons. Car comme le rappelait Einstein, « la mesure de l’intelligence, c’est la capacité à changer ». Et à ce petit jeu-là, l’humanité n’a pas fini de nous étonner.
Référence scientifique
Pietschnig, J., & Voracek, M. (2015). One Century of Global IQ Gains: A Formal Meta-Analysis of the Flynn Effect. *Perspectives on Psychological Science, 10*(3), 282-306. https://doi.org/10.1177/1745691615577701