L’ALCOOL et ses pathologies se soignent surtout en traitant leurs causes!

L’alcoolisme, ou quand l’âme cherche son antidote
Il existe des naufrages qui ne laissent pas de traces sur les vagues. L’alcoolisme en est un – silencieux, insidieux, souvent masqué derrière le sourire forcé d’un « je maîtrise ». Pourtant, chaque verre peut devenir un cri étouffé, le symptôme d’une souffrance plus profonde qu’on ne traite qu’à la marge. Comme si on essayait d’éteindre un volcan en balayant les cendres…
« On ne guérit pas la mer en calmant les vagues, mais en apaisant les vents qui la agitent. »
Les deux visages de la pathologie alcoolique
L’abus d’alcool se décline en deux tragédies modernes :
- L’alcoolisme chronique : cette lente descente où chaque jour exige son tribut, transformant le plaisir en nécessité physiologique
- Le binge drinking : ces tempêtes paroxystiques où l’on ingurgite l’oubli par litres, comme pour noyer quelque chose qui refuse de couler
Leur point commun ? Ce ne sont jamais que les feuilles mortes d’un arbre dont les racines plongent dans des terreaux psychiques souvent inexplorés : anxiété, dépression, trauma d’enfance, trouble bipolaire…
L’illusion du traitement symptomatique
La médecine contemporaine dispose d’un arsenal pharmacologique contre l’alcoolisme : naltrexone, acamprosate, baclofène. Pourtant, les chiffres sonnent comme un aveu d’échec :
- Seulement 9% des patients accèdent à ces traitements
- La naltrexone ne réduit les rechutes que de 5%
- Le binge drinking diminue à peine de 10%
Pourquoi ces résultats si décevants ? Parce qu’on s’obstine à vouloir éteindre un incendie en jetant des verres d’eau sur les flammes, sans jamais chercher qui allume les allumettes.
Plongée dans les abysses psychiques
Les études récentes en neurosciences et psychiatrie dessinent une vérité plus complexe :
- Le circuit de la récompense : l’alcool pirate les systèmes dopaminergiques, mais souvent pour compenser un déficit initial
- L’automédication émotionnelle : 45% des alcoolodépendants souffrent de troubles anxieux sous-jacents
- La mémoire traumatique : comme un logiciel défectueux qui pousserait à boire pour « effacer » temporairement
Traiter l’alcoolisme sans explorer ces dimensions, c’est comme repeindre les murs d’une maison dont les fondations s’effritent.
Vers une médecine des causes perdues (et retrouvées)
Les approches intégratives montrent des résultats prometteurs :
- Thérapies cognitivo-comportementales : réapprendre à vivre sans l’armure éthylique
- Réparation du lien social : l’isolement étant à la fois cause et conséquence
- Pharmacologie ciblée : antidépresseurs pour certains, régulateurs de l’humeur pour d’autres
Comme le souligne une méta-analyse du Journal of Addiction Medicine : « Les protocoles combinant psychothérapie et traitement des comorbidités doublent les taux d’abstinence à un an. »
Conclusion : l’ivresse n’est qu’un symptôme
Derrière chaque addiction se cache une histoire, une douleur, un vide que l’alcool tente vainement de combler. La vraie révolution thérapeutique ne viendra pas de nouveaux médicaments, mais d’une médecine assez humble pour reconnaître que parfois, le verre n’est que le réceptacle des larmes qu’on ne peut plus verser. Guérir l’alcoolisme, c’est d’abord apprendre à écouter ces larmes invisibles.
« Il n’y a pas de maladies de l’âme, seulement des âmes malades de ne pas être entendues. »
Référence scientifique
Kranzler, H. R., & Soyka, M. (2018). Diagnosis and pharmacotherapy of alcohol use disorder: A review. *JAMA, 320*(8), 815-824. https://doi.org/10.1001/jama.2018.11406