Dyslexie et TDAH partagent une génétique en commun.


Dyslexie et TDAH partagent une génétique en commun.

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Dyslexie et TDAH : une parenté génétique inattendue

Imaginez deux rivières coulant en parallèle, séparées par des berges distinctes. Leurs eaux semblent différentes, leurs courants propres. Pourtant, sous la surface, elles partagent le même aquifère, la même source souterraine. C’est cette métaphore qui vient à l’esprit face à la récente découverte scientifique : dyslexie et TDAH puisent dans des réservoirs génétiques communs. Une révélation qui ébranle nos catégories diagnostiques et invite à repenser les troubles neurodéveloppementaux comme les maillons d’une même chaîne biologique.

Quand l’ADN brouille les frontières diagnostiques

Longtemps, la médecine a classé la dyslexie et le trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH) dans des cases distinctes. D’un côté, les difficultés persistantes en lecture et écriture ; de l’autre, l’agitation, l’impulsivité et les problèmes de concentration. Pourtant, cliniciens et chercheurs observaient depuis des années des recoupements troublants :

  • 40 à 60% des enfants dyslexiques présentent des symptômes de TDAH
  • Des profils cognitifs similaires dans le traitement de l’information
  • Des réponses communes à certaines interventions pédagogiques

L’étude publiée dans Transnatsia Psychiatriae apporte enfin une explication moléculaire à ces observations cliniques. En analysant les génomes de milliers d’individus, les scientifiques ont identifié des variants génétiques partagés, particulièrement dans des gènes impliqués dans le développement des circuits cérébraux du langage et de l’attention.

« Ce n’est pas que deux troubles différents partagent des gènes communs, c’est que nos catégories diagnostiques découpent artificiellement une même réalité biologique », souligne un chercheur de l’équipe.

Le ballet des gènes : une chorégraphie neuronale complexe

Parmi les acteurs moléculaires identifiés, trois familles de gènes ressortent particulièrement :

1. Les architectes du cerveau

Des gènes comme FOXP2 ou KIAA0319, qui orchestrent la migration des neurones durant le développement fœtal. Leur dysfonctionnement pourrait expliquer les particularités de connectivité cérébrale observées dans les deux troubles.

2. Les chefs d’orchestre synaptiques

Des régulateurs de la dopamine et de la noradrénaline, ces neurotransmetteurs cruciaux pour l’attention et la récompense. Comme si le même interrupteur chimique peinait à s’ajuster dans les deux conditions.

3. Les horlogers cognitifs

Des gènes influençant la vitesse de traitement de l’information, créant ce décalage temporel si caractéristique où le monde va toujours trop vite ou trop lentement.

Cette découverte ressemble à un puzzle dont les pièces s’assemblent enfin. Prenons l’exemple d’un enfant qui bute sur les mots tout en gigotant sur sa chaise : là où nous voyions deux problèmes distincts, son ADN nous murmure qu’il s’agit peut-être des facettes d’un même phénomène neurobiologique.

Révolution ou évolution ? Les implications d’une découverte

Cette parenté génétique ouvre des perspectives cliniques fascinantes :

Vers des diagnostics plus nuancés

Les tests génétiques pourraient à terme aider à identifier précocement les enfants à risque combiné, permettant des interventions sur mesure avant que les difficultés scolaires n’entament l’estime de soi.

Des traitements ciblant la racine commune

Certaines molécules développées pour le TDAH montrent des effets prometteurs sur la dyslexie, et vice versa. Comprendre leurs points d’impact communs pourrait mener à des thérapies plus efficaces.

Un regard neuf sur la neurodiversité

Cette découverte nous invite à voir ces troubles non comme des déficits, mais comme des variations naturelles du câblage cérébral, avec leurs défis mais aussi leurs forces potentielles – créativité, pensée non linéaire, résilience.

Comme le souligne un orthophoniste interviewé dans l’étude : « Nos étiquettes diagnostiques sont utiles, mais elles ne doivent pas devenir des prisons. Chaque cerveau écrit sa propre partition avec les gènes dont il dispose. »

Et demain ? Vers une médecine des nuances

Cette découverte sonne comme un rappel : le cerveau humain résiste aux classifications simplistes. Comme un même gène peut influencer la couleur des yeux et la prédisposition à certaines maladies, les mécanismes fondamentaux de l’apprentissage et de l’attention s’entrelacent dans une danse moléculaire complexe.

Les prochaines recherches devront explorer comment ces gènes communs interagissent avec l’environnement – qualité de l’enseignement, stimulation précoce, nutrition. Car si notre ADN pose les bases, c’est toute la symphonie de notre expérience qui détermine comment ces notes génétiques résonneront tout au long de notre vie.

Une chose est sûre : cette avancée marque un tournant dans notre compréhension des différences cognitives. Elle nous invite à regarder au-delà des étiquettes, vers une approche plus holistique où chaque esprit, avec son patrimoine génétique unique, mérite des solutions sur mesure plutôt que des cases prédéfinies.

Référence scientifique

Auteur(s). (2019). Dyslexie et TDAH partagent une génétique en commun. *Translational Psychiatry*, *9*(1). https://www.nature.com/articles/s41398-019-0402-0

Jean-Baptiste ALEXANIAN

Alexanian, J.-B. (2025). Dyslexie et TDAH partagent une génétique en commun.. [Article de blog]. URL: https://www.youtube.com/watch?v=RfhNS1j5kJY

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