La souffrance des personnes dîtes #Transgenre. On en parle.


La souffrance des personnes dîtes #Transgenre. On en parle.

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La souffrance transgenre : quand l’identité devient un champ de bataille

Imaginez vivre chaque jour dans une peau qui vous ment. Sentir au creux de vos os que le reflet du miroir trahit votre essence, tandis que le monde s’obstine à vous donner un nom qui résonne comme une erreur historique. C’est cette dissonance existentielle que vivent les personnes transgenres, prisonnières d’un corps devenu territoire contesté. Une récente étude vient quantifier cette souffrance silencieuse, révélant comment les thérapies de conversion transforment cette blessure identitaire en plaie béante.

L’étude qui brise le silence

L’enquête menée par JL et al. (2020) constitue une radiographie implacable de cette violence invisible. Sur 27 715 adultes transgenres américains interrogés, près de 20% ont subi ce que l’on ose appeler des « thérapies » de conversion – tentative brutale d’aligner de force identité de genre et sexe biologique. Les chiffres parlent d’eux-mêmes :

  • +56% de risque de détresse psychologique sévère
  • +127% de probabilité de tentatives de suicide
  • 45% de souffrance aiguë chez les exposés avant 10 ans

« Ces pratiques ressemblent à vouloir guérir un gaucher en lui liant la main droite : on n’éradique pas une identité, on mutile une âme. »

Anatomie d’une violence

Le mythe de la conversion

Les thérapies de conversion s’appuient sur un postulat aussi fragile qu’arbitraire : que l’identité de genre serait malléable comme de la cire chaude. Pourtant, aucune étude sérieuse ne vient étayer cette croyance. C’est l’inverse qui se produit – comme tenter de redresser un arbre poussant en diagonale : plus on tire, plus les racines crient.

Les bourreaux en costume de sauveurs

L’étude distingue trois sources principales de ces violences :

  • Les leaders religieux (16,9%) : au nom d’une transcendance, ils imposent une négation de soi
  • Les professionnels de santé (9,3%) : leur blouse blanche légitime une maltraitance
  • Les familles : l’amour se pervertit en instrument de torture

L’enfance, champ de mines identitaire

Les données les plus glaçantes concernent les expositions précoces. Avant 10 ans, quand l’identité est encore une pousse fragile, ces « thérapies » laissent des cicatrices disproportionnées :

  • 65% d’idées suicidaires (contre 40% chez les non-exposés)
  • Un risque psychiatrique multiplié comme des cellules cancéreuses

On touche ici à une forme particulière de cruauté : exiger d’un enfant qu’il nie ce qu’il ressent au plus profond de lui-même, c’est lui apprendre que sa vérité intime est une maladie à extirper.

Vers une médecine de l’accueil

Face à ces constats, la réponse médicale évolue lentement mais sûrement vers le modèle affirmatif : plutôt que de torturer l’identité pour qu’elle épouse le corps, on accompagne le corps à rejoindre l’identité. Une révolution copernicienne dans l’accompagnement des personnes transgenres.

Les pays pionniers montrent la voie :

  • Interdiction des thérapies de conversion dans 20 pays
  • Protocoles médicaux centrés sur l’auto-détermination
  • Formation des soignants à l’accueil sans jugement

Conclusion : du diagnostic au pronostic

Les chiffres de l’étude ne sont pas qu’une collection de données – ce sont des cris étouffés, des vies suspendues à un fil ténu. Ils nous rappellent une évidence trop souvent occultée : la souffrance transgenre n’est pas le produit d’une identité défaillante, mais d’une société qui refuse de la reconnaître.

À l’heure où certains pays régressent sur les droits des personnes transgenres, cette recherche sonne comme un avertissement : on ne légifère pas contre une identité sans verser du sang psychologique. La vraie thérapie de conversion devrait concerner non pas les individus, mais notre capacité collective à accepter la splendide diversité des êtres humains.

« Chaque fois qu’on force une personne à mentir sur son essence, on ne guérit rien – on ajoute simplement une couche de solitude à la souffrance. »

Référence scientifique

Turban, J. L., Beckwith, N., Reisner, S. L., & Keuroghlian, A. S. (2020). Association Between Recalled Exposure to Gender Identity Conversion Efforts and Psychological Distress and Suicide Attempts Among Transgender Adults. *JAMA Psychiatry, 77*(1), 68–76. https://doi.org/10.1001/jamapsychiatry.2019.2285

Jean-Baptiste ALEXANIAN

Alexanian, J.-B. (2025). La souffrance des personnes dîtes #Transgenre. On en parle.. [Article de blog]. URL: https://www.youtube.com/watch?v=9BzVuGYKiKA

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