Trop de sucre ça rend bête ! HbA1c et cognitions.

Le sucre, ce doux poison cérébral : quand l’HbA1c grignote nos neurones
Imaginez votre cerveau comme une forêt luxuriante. Les arbres – vos neurones – communiquent entre eux par des sentiers bien tracés – la substance blanche. Maintenant, versez un sirop épais sur ce paysage : les chemins deviennent gluants, les messages ralentissent, la végétation s’étouffe. Cette métaphore visqueuse n’est pas qu’une image – la science vient de prouver que notre consommation de sucre, même dans les limites officielles, altère sournoisement nos capacités cognitives.
L’HbA1c : le journal intime de votre glycémie
L’hémoglobine glyquée (HbA1c) est le témoin incorruptible de nos excès sucrés. Contrairement à une simple prise de sang à jeun, ce marqueur révèle l’histoire glycémique des trois derniers mois – comme un palimpseste chimique où chaque biscuit avalé en cachette laisse son empreinte. Les médecins scrutent habituellement ce chiffre pour diagnostiquer le diabète, mais une étude révolutionnaire vient de montrer que son influence commence bien avant le seuil pathologique.
« Il n’y a pas de frontière magique entre la santé et la maladie, mais un continuum insidieux où chaque point de pourcentage compte »
L’IRM qui révèle l’effet caramel
Les chercheurs ont ausculté le cerveau de jeunes adultes en parfaite santé avec une technique d’imagerie de pointe : la diffusion tensor imaging. Imaginez pouvoir cartographier l’autoroute de l’information cérébrale en observant comment l’eau diffuse le long des axones. Plus l’anisotropie (terme savant pour l’organisation des fibres nerveuses) est élevée, meilleure est la connectivité.
Les résultats font froid dans le dos : chaque augmentation de l’HbA1c, même dans la « normale », correspond à :
- Une baisse de 5% de la vitesse de traitement de l’information
- Des altérations microscopiques de la substance blanche
- Des performances moindres aux tests de mémoire épisodique
Le paradoxe du sucre : énergisant mais paralysant
Comment expliquer ce phénomène ? Le glucose est le carburant principal du cerveau, mais à dose excessive, il se comporte comme un incendie dans une centrale électrique. Deux mécanismes entrent en jeu :
1. L’effet caramel moléculaire
La glycation – cette réaction chimique qui donne sa croûte dorée au crème brûlée – s’attaque aussi à nos protéines cérébrales. Les axones se rigidifient, comme des spaghettis oubliés dans leur sauce.
2. L’inflammation sournoise
Des micro-pics glycémiques répétés activent la libération de cytokines pro-inflammatoires – autant de petits saboteurs qui rongent insidieusement les gaines de myéline, ces isolants naturels de nos câbles neuronaux.
Protéger son cerveau sans renoncer au plaisir
Faut-il pour autant bannir toute douceur ? Non, mais adopter une hygiène glycémique :
- Privilégier les glucides à index glycémique bas (légumineuses, céréales complètes)
- Associer systématiquement fibres et protéines aux sucres rapides
- Marcher 10 minutes après chaque repas – une étude montre que cela réduit le pic glycémique de 30%
Comme le disait Paracelse : « Tout est poison, rien n’est poison, seule la dose fait le poison ». Cette sagesse ancestrale trouve aujourd’hui son écho dans les scanners cérébraux : notre matière grise mérite mieux qu’un bain de sirop permanent.
Conclusion : Une douceur à apprivoiser
Cette étude sonne comme un avertissement élégant : notre société obsédée par la productivité cognitive néglige son pire ennemi – la complaisance envers le sucre. Avant que vos synapses ne deviennent pâteuses, souvenez-vous que le cerveau est un orgueilleux mélomane : il préfère de loin la symphonie complexe des nutriments au martèlement monotone du glucose. À nous de jouer les chefs d’orchestre.
Référence scientifique
R., J., K., G., M., S., F., K., G., D., G., J., R., R., A., V., B., BT., D., U., & O., N. (2021). Variation of HbA1c affects cognition and white matter microstructure in healthy, young adults. *Molecular Psychiatry*. https://doi.org/10.1038/s41380-019-0504-3