Les articles scientifiques sont parfois critiqués et souvent critiquable et c’est bien comme cela!


Les articles scientifiques sont parfois critiqués et souvent critiquable et c’est bien comme cela!

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La science à vif : pourquoi nos certitudes doivent saigner pour progresser

Imaginez un diamant brut sous le burin d’un lapidaire. Chaque coup précis, chaque éclat arraché révèle un peu plus la pierre précieuse cachée sous la gangue. La science fonctionne ainsi : ce qui nous apparaît comme vérité aujourd’hui n’est qu’une approximation en attente de critiques fécondes. Les articles scientifiques, ces briques apparentes de la connaissance, sont par nature critiquables – et c’est précisément leur plus grande vertu.

L’épreuve du feu : la publication comme début du combat

Prenez l’exemple de cette étude sur la stimulation magnétique transcrânienne (rTMS) publiée dans un prestigieux journal médical. Le récit classique voudrait qu’après le marathon des relectures et des corrections, l’article devienne parole d’évangile. La réalité est plus tumultueuse. Comme le souligne notre vidéaste normand, la publication n’est qu’un coup d’envoi :

« L’article continue sa vie et peut être l’objet de critiques, remarques… »

Les garde-fous invisibles

Ces « obsessionnels bienveillants » – ces chercheurs qui passent leurs nuits à traquer les incohérences méthodologiques ou les biais d’interprétation – jouent un rôle comparable aux globules blancs dans un organisme vivant :

  • Ils traquent les protocoles modifiés en cours d’étude sans justification
  • Ils questionnent les interprétations trop optimistes des données
  • Ils forcent les auteurs à préciser leurs limites

Le cas cité, où un critique pointait du doigt des écarts entre méthodologie annoncée et méthodologie réelle, illustre cette vigilance salutaire. Pas de théorie du complot ici, juste le lent travail d’épuration qui fait la force de la démarche scientifique.

L’art délicat de la controverse féconde

La critique scientifique idéale ressemble à un duel florentin : chaque coup porté vise à perfectionner l’adversaire plus qu’à l’abattre. Trois types de réponses émergent typiquement :

L’acceptation gracieuse

Certains auteurs, confrontés à des remarques pertinentes, reconnaissent leurs erreurs avec une élégance qui honore la science. Comme le note notre observateur :

« Je considère que cette critique est parfaitement justifiée, c’est une erreur de notre part »

Le désaccord argumenté

D’autres opposent une résistance raisonnée, démontrant pourquoi leur position initiale tient debout. Ce conflit d’interprétations est le terreau même où germent les nouvelles hypothèses.

L’ignorance stratégique

Enfin, certaines critiques sont jugées non pertinentes – choix discutable qui révèle autant les priorités des auteurs que les angles morts du débat scientifique.

Le paradoxe du chercheur : croire et douter simultanément

Comment concilier l’enthousiasme nécessaire pour défendre ses idées avec le doute méthodique qui caractérise la bonne science ? L’étude sur la rTMS montre bien ce tension :

« On a l’impression plutôt d’un parti pris positif », admet notre commentateur. Cet optimisme naturel – presque vital – du chercheur doit constamment être tempéré par la froide objectivité des pairs. Comme un sculpteur qui alternerait coups de marteau enthousiastes et caresses prudentes du burin.

Conclusion : éloge de la fragilité scientifique

Une théorie qui ne peut être critiquée n’est pas scientifique – elle est dogmatique. Les articles imparfaits, les méthodes perfectibles et les interprétations discutables ne sont pas les signes d’une science malade, mais au contraire les marques de sa vitalité. Comme le suggère si bien notre vidéo, c’est dans cet espace de friction permanente que naît le progrès véritable.

La prochaine fois que vous lirez « Des recherches supplémentaires sont nécessaires » en conclusion d’une étude, ne voyez pas là une formule creuse, mais l’expression la plus pure de l’humilité scientifique : une invitation ouverte à être contredit, complété, dépassé. Car la science ne progresse pas malgré les critiques, mais grâce à elles.

Référence scientifique

B., D. M., V., F., T., K. E., D., Z. J., & D., J. (2019). Repetitive transcranial magnetic stimulation for depression – Authors’ reply. *The Lancet*, *393*(10182), 1680–1681. https://doi.org/10.1016/S0140-6736(18)32837-X

Jean-Baptiste ALEXANIAN

Alexanian, J.-B. (2025). Les articles scientifiques sont parfois critiqués et souvent critiquable et c’est bien comme cela!. [Article de blog]. URL: https://www.youtube.com/watch?v=6BBtvj0bfZI

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