Les causes des troubles des apprentissages TDAH, DYS


Les causes des troubles des apprentissages TDAH, DYS

Illustration pour Les causes des troubles des apprentissages TDAH, DYS

L’énigme des apprentissages entravés : quand le cerveau écrit sa propre grammaire

Imaginez un orchestre où chaque musicien jouerait dans un tempo différent. Certains violons précipiteraient leurs arpèges pendant que les cuivres traîneraient des notes comme des poids morts. C’est un peu ce qui se joue dans le cerveau des enfants aux prises avec des troubles des apprentissages – ces fameux TDAH et troubles DYS qui font tant parler les cours d’école et les salles d’attente des orthophonistes. Une étude française publiée dans les Archives de Pédiatrie vient bousculer nos certitudes comme un coup de vent normand dans une salle de classe trop tranquille.

Le grand méli-mélo diagnostique

L’équipe lilloise a passé au crible 100 enfants envoyés en consultation pour des difficultés scolaires persistantes. Leurs résultats dessinent une cartographie inattendue :

  • 40% des petits patients naviguaient en réalité avec un TDAH non diagnostiqué – ces troubles de l’attention qui transforment les leçons en parcours du combattant
  • Seulement 7% présentaient une dyslexie authentique
  • Près de 70% des diagnostics de dyslexie posés auparavant se révélaient erronés

Ces chiffres résonnent comme un avertissement : nous confondons souvent les symptômes avec leurs causes. Comme si l’on traitait la fièvre sans chercher l’infection qui la provoque.

TDAH : le caméléon des troubles cognitifs

Le trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité se révèle être un formidable imitateur. Derrière des difficultés de lecture ou d’écriture, c’est parfois simplement l’attention capricieuse qui joue des tours. L’enfant peine à fixer les lettres, saute des mots comme on saute des cailloux dans une rivière – non par incapacité à déchiffrer, mais parce que son esprit papillonne.

Quatre enfants sur dix dans cette étude voyaient leurs difficultés scolaires s’envoler comme des feuilles d’automne dès que le TDAH était correctement pris en charge

Les chercheurs notent que dans 38% des cas, un traitement médicamenteux s’imposait – une statistique qui fait encore frémir certains parents, bien que ces molécules agissent comme des lunettes pour le cerveau, simplement en aidant à réguler ce fameux tempo neuronal.

La dyslexie, cette mal-aimée mal comprise

Le cas des troubles DYS mérite qu’on s’y attarde. L’étude révèle un taux ahurissant de 70% de diagnostics erronés. Ces enfants qu’on croyait dyslexiques présentaient en réalité d’autres tableaux cliniques – souvent ce fameux TDAH, parfois des déficiences intellectuelles légères (17% des cas).

Comment expliquer cette épidémie de faux diagnostics ? Peut-être par la complexité du dépistage. Reconnaître une vraie dyslexie demande des heures d’évaluation, comme authentifier un tableau de maître nécessite l’œil expert du conservateur. Beaucoup d’enfants sont étiquetés trop vite, sur la base de tests rapides ou d’observations superficielles.

Vers une médecine de précision

Cette étude normande nous enseigne trois leçons majeures :

  1. L’importance d’un bilan exhaustif avant toute conclusion hâtive
  2. La nécessité de repenser les stratégies de rééducation (modifiées dans 59% des cas après réévaluation)
  3. L’urgence de mieux former les professionnels à distinguer ces troubles cousins mais si différents

Les neurosciences nous apprennent que chaque cerveau apprend à sa manière, avec ses forces et ses fragilités. Comme il existe mille façons d’être intelligent, il existe mille chemins vers la connaissance. À nous, adultes, de ne pas confondre les détours avec des impasses.

Conclusion : l’art délicat du diagnostic

Cette étude fonctionne comme une piqûre de rappel : derrière chaque enfant en difficulté se cache une histoire neurologique unique. Les troubles des apprentissages ressemblent à ces livres dont on aurait mélangé les chapitres – à nous de les remettre dans le bon ordre. Pas pour uniformiser les esprits, mais pour permettre à chaque intelligence de s’épanouir selon son propre génie.

Comme le disait si bien Maria Montessori : « L’enfant n’est pas un vase que l’on remplit, mais une source que l’on laisse jaillir. » Reste à trouver comment débloquer la source quand elle semble tarie – et c’est tout l’art délicat des professionnels qui accompagnent ces enfants extraordinaires dans des cerveaux qui fonctionnent hors normes.

Référence scientifique

C., J. C., P., F., C., S., L., M. P., C., J. M., P., A., & V., L. (2004). A study of 100 consecutive children presenting with learning disabilities. *Archives de Pédiatrie, 11*(1), 1–8. https://doi.org/10.1016/j.arcped.2003.12.004

Jean-Baptiste ALEXANIAN

Alexanian, J.-B. (2025). Les causes des troubles des apprentissages TDAH, DYS. [Article de blog]. URL: https://www.youtube.com/watch?v=idt2TsxjblM

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