L’indispensable égoïsme. Dans l’intérêt de la société, soyez égoïste !


L’indispensable égoïsme. Dans l’intérêt de la société, soyez égoïste !

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L’indispensable égoïsme : un manifeste pour la survie sociale

Nous vivons sous le règne d’un paradoxe moral : on nous enseigne que le don de soi est la vertu suprême, tandis que l’égoïsme constitue le péché capital des temps modernes. Pourtant, observez autour de vous les visages tirés, les regards éteints, cette fatigue chronique qui semble être devenue notre lot commun. Et si notre conception du bien-être collectif reposait sur une erreur fondamentale ? Si, contre toute attente, cultiver un égoïsme raisonnable était non seulement salutaire, mais nécessaire à l’équilibre de la société tout entière ?

« On ne peut verser de son vase que ce qu’il contient. Un vase vide ne désaltère personne. »

L’épuisement des altruistes : quand la société mord la main qui la nourrit

Imaginez une forêt où chaque arbre, par excès de générosité, épuiserait sa sève à nourrir ses voisins avant de se sustenter lui-même. Ce paysage de bois morts illustre avec une cruelle justesse notre condition moderne. Les statistiques psychiatriques sonnent l’alarme : consultations saturées, antidépresseurs en hausse exponentielle, burn-out érigé en mode de vie. Notre société ressemble à ces jardiniers zélés qui arrosent leurs plantes jusqu’à les noyer – nous noyons nos individus sous des injonctions altruistes mal comprises.

La biologie nous rappelle pourtant une loi immuable : tout organisme doit d’abord assurer sa propre survie avant de contribuer à son écosystème. Les neurones ont besoin de glucose avant de transmettre l’influx nerveux, le cœur doit s’oxygéner avant de distribuer le sang. Pourquoi l’Homme serait-il la seule espèce à devoir inverser cette hiérarchie vitale ?

L’égoïsme rationnel : anatomie d’un mal-aimé nécessaire

Distinguons ici deux visages de l’égoïsme :

  • L’égoïsme pathologique : ce vampire émotionnel qui draine autrui sans retour
  • L’égoïsme rationnel : cet art subtil de préserver son intégrité pour mieux donner ensuite

Les travaux en psychologie positive révèlent un fait contre-intuitif : les individus pratiquant un égoïsme mesuré développent une résilience accrue. Comme des athlètes qui s’accordent des phases de récupération, ils deviennent paradoxalement plus aptes à soutenir leur entourage sur la durée. L’économie comportementale va plus loin : ce « self-interest éclairé » favorise des sociétés où la coopération indirecte s’épanouit, chaque membre apportant sa pleine mesure plutôt qu’un reste épuisé.

Manifeste pour une révolution égoïste

Appliquons cette vision à trois sphères cruciales :

1. La parentalité

Un enfant n’a pas besoin de parents martyrs, mais de modèles vivants. Ceux qui préservent leur jardin secret cultivent paradoxalement une meilleure disponibilité émotionnelle. Comme l’oxygène des masques d’avion, il faut d’abord se sécuriser soi-même avant d’aider les autres.

2. Le monde professionnel

Les entreprises les plus performantes sont souvent celles qui comprennent qu’un employé reposé vaut trois employés épuisés. Le « presenteeism » – cette présence physique sans engagement réel – coûte bien plus cher que des pauses assumées.

3. Le lien social

Chaque relation devrait s’inscrire dans une danse équilibrée entre prise et don. Les sociologues observent que les communautés les plus saines sont celles où chacun arrive nourri à la table commune, plutôt qu’affamé en quête de subsistance.

Conclusion : l’art délicat du vase qui déborde

Repensons cette métaphore du vase. L’altruisme pur exige de verser sans cesse jusqu’à la lie. L’égoïsme pathologique, de garder jalousement son contenu. Mais entre les deux existe cette troisième voie : remplir son vase à ras bord, jusqu’à ce qu’il déborde naturellement sur son environnement. C’est cet excédent vital – et non le sacrifice – qui véritablement nourrit le monde.

Alors oui, soyons égoïstes. Non par cynisme, mais par amour lucide. Parce qu’une société composée d’individus intacts vaut mieux qu’une communauté de fantômes bienveillants. Après tout, ne sommes-nous pas, chacun, cette petite partie du monde à partir de laquelle tout le reste peut renaître ?

Référence scientifique

W., L., D., G., V., F., B., E., B., M., B., S., & M., C. (2018). Do Parental Psychiatric Symptoms Predict Outcome in Children With Psychiatric Disorders? A Naturalistic Clinical Study. *Journal of the American Academy of Child and Adolescent Psychiatry*, *57*(8), 615–625. https://doi.org/10.1016/j.jaac.2018.05.017

Jean-Baptiste ALEXANIAN

Alexanian, J.-B. (2025). L’indispensable égoïsme. Dans l’intérêt de la société, soyez égoïste !. [Article de blog]. URL: https://www.youtube.com/watch?v=mglSuJx9LAo

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