Electrochoc ! Sismothérapie ! Les FAKES NEWS sur cette technique « barbare »?


Electrochoc ! Sismothérapie ! Les FAKES NEWS sur cette technique « barbare »?

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Électrochocs : la renaissance d’un traitement fantôme

Dans l’imaginaire collectif, le mot « électrochocs » résonne comme un coup de tonnerre médical. On voit défiler des scènes de films où des patients hurlants subissent des décharges électriques, des corps secoués par des convulsions incontrôlables. Cette image d’Épinal, pourtant, appartient au musée des horreurs psychiatriques. La réalité contemporaine de la sismothérapie – son nom scientifique – ressemble davantage à une symphonie neuronale minutieusement orchestrée qu’à un supplice moyenâgeux.

« La médecine est un art qui se nourrit de ses propres renaissances. L’ECT moderne en est la preuve vivante : ce que nous croyions être un silex thérapeutique s’est révélé être un diamant brut mal taillé. »

Le grand malentendu historique

L’électroconvulsivothérapie (ECT) naît en 1938, dans un contexte où la psychiatrie disposait d’armes thérapeutiques aussi limitées que brutales. Les premières séances sans anesthésie, les convulsions spectaculaires et certaines utilisations abusives ont marqué durablement les esprits. Pourtant, comme le scalpel de la chirurgie a évolué du couperet à l’instrument laser, l’ECT a connu sa révolution silencieuse.

Les protocoles modernes ressemblent à s’y méprendre à une procédure chirurgicale classique :

  • Anesthésie générale de courte durée
  • Monitoring cardiaque et cérébral constant
  • Stimulation électrique calibrée au milliseconde près
  • Séances de 5 à 10 minutes suivies d’une heure de surveillance

La violence supposée des électrochocs se dissipe comme brume au soleil lorsqu’on apprend que l’énergie délivrée équivaut à celle nécessaire pour alimenter une ampoule de 40 watts pendant… une seconde.

Neuroplasticité : le jardin secret du cerveau

Contrairement au mythe tenace des « neurones grillés », la recherche révèle un mécanisme bien plus fascinant. L’ECT agit comme un printemps cérébral :

Imaginez un paysage neuronal hivernal, où les connexions synaptiques ressemblent à des arbres dépouillés par la dépression. La stimulation électrique déclenche une cascade biochimique – augmentation du BDNF (facteur neurotrophique dérivé du cerveau), modulation des systèmes GABA et glutamate – qui fait bourgeonner de nouvelles dendrites. Les hippocampes, ces jardiniers de la mémoire, se mettent à cultiver de nouveaux neurones avec une vigueur retrouvée.

L’étude d’AP et al. (2018) confirme cette métamorphose : 70 à 90% des patients souffrant de dépression sévère résistante connaissent une amélioration significative. Des chiffres qui feraient pâlir bien des antidépresseurs.

Le paradoxe des effets secondaires

La mémoire devient ici le terrain d’un curieux paradoxe. Si certains patients rapportent des trous mnésiques transitoires – comparables au brouillard post-anesthésique –, d’autres voient au contraire leurs capacités cognitives s’améliorer. Comment expliquer ce phénomène ?

La réponse se niche peut-être dans le concept de « réset neurochimique ». À l’image d’un ordinateur surchargé qu’on redémarre, l’ECT permettrait au cerveau de se libérer des schémas dépressifs obsessionnels. Les souvenirs récents payent parfois ce prix, mais les patients retrouvent souvent une clarté mentale perdue depuis des mois, voire des années.

Désinformation : anatomie d’une légende noire

Trois fausses croyances résistent particulièrement :

  1. « C’est une torture moderne » : alors que la douleur est absente grâce à l’anesthésie
  2. « Ça détruit le cerveau » : quand les études montrent au contraire une neurogenèse
  3. « On l’utilise pour punir » : alors que le consentement éclairé est central

Ces fake news prospèrent sur le terreau fertile de notre méfiance ancestrale envers l’électricité appliquée au corps humain. Pourtant, qui s’offusquerait d’un pacemaker cardiaque ? La différence tient peut-être à ce que le cœur, organe noble, mériterait selon nous des soins que nous refuserions au cerveau, ce réceptacle de l’identité.

L’électroconvulsivothérapie au XXIe siècle : un phénix thérapeutique

La sismothérapie moderne n’a plus grand-chose à voir avec son ancêtre des années 1950. Individualisation des doses, stimulation unilatérale (un seul hémisphère cérébral), monitoring par EEG… Les progrès techniques en ont fait un instrument de précision.

Reste le défi de l’image publique. Comme la psychanalyse en son temps, comme la lobotomie (heureusement disparue), l’ECT porte le poids de son histoire. Mais contrairement à ces dernières, elle a su évoluer, se réinventer, prouver son efficacité par les méthodes les plus rigoureuses de la médecine factuelle.

Peut-être faut-il voir dans cette technique mal-aimée un miroir de nos propres peurs : celle de perdre le contrôle, celle de voir notre esprit manipulé, celle finalement de reconnaître que la dépression sévère est une tempête biologique parfois plus forte que la volonté. L’ECT ne prétend pas être une panacée, mais pour certains naufragés de l’âme, elle reste parfois le seul radeau vers la terre ferme.

« En médecine comme en amour, ce sont parfois les traitements les plus contre-intuitifs qui sauvent. L’électroconvulsivothérapie nous rappelle cette vérité essentielle : guérir exige parfois de traverser le miroir des apparences. »

Référence scientifique

AP, H., OM, G., H, S., & WM, M. (2018). Electroconvulsive Therapy in Depression: Current Practice and Future Direction. *The Psychiatric Clinics of North America, 41*(3), 341-353. https://doi.org/10.1016/j.psc.2018.04.001

Jean-Baptiste ALEXANIAN

Alexanian, J.-B. (2025). Electrochoc ! Sismothérapie ! Les FAKES NEWS sur cette technique « barbare »?. [Article de blog]. URL: https://www.youtube.com/watch?v=7eJkH-qlXs8

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