Si il n’est pas « pervers narcissique », alors il est quoi?


Si il n’est pas « pervers narcissique », alors il est quoi?

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L’énigme du « pervers narcissique » : et si on s’était trompé d’étiquette ?

Imaginez un médecin diagnostiquant une « fièvre bleue » – vous sourcillez, incrédule. Pourtant, en psychologie populaire, le terme « pervers narcissique » s’est imposé avec une même absence de rigueur. Comme le rappelle la vidéo analysée, cette chimère diagnostique mêle deux troubles incompatibles : la perversion (trouble antisocial) et le narcissisme pathologique. Alors, si ce monstre clinique n’existe pas, que cachent ces comportements qui nous déconcertent tant ?

Le miroir brisé des diagnostics

La psychiatrie est un champ de mines sémantique où chaque symptôme peut appartenir à plusieurs royaumes. Prenons l’exemple cité : un enfant arrache les ailes des mouches en riant. La culture populaire y verra la marque d’un futur « pervers narcissique ». Pourtant, ce même geste pourrait relever :

  • D’un trouble du spectre autistique (déficit en théorie de l’esprit)
  • D’un trouble obsessionnel-compulsif (rituel anxieux)
  • D’un trauma complexe (répétition de violences subies)

« En psychiatrie, un même comportement est comme un mot prononcé dans dix langues : son sens change radicalement selon le système qui le porte »

Narcisse ou Icare ? Les pièges de la terminologie

Le DSM-5 distingue clairement le trouble de la personnalité narcissique (besoin d’admiration, mépris d’autrui) du trouble antisocial (manipulation, absence de remords). Les confondre reviendrait à mélanger l’orgueil d’un roi et la cruauté d’un prédateur. Pourtant, certains traits se superposent :

Un narcissique blessé peut devenir manipulateur, tout comme un antisocial peut jouer les séducteurs. Mais ces symptômes contextuels ne forment pas une nouvelle espèce clinique – pas plus que la fièvre ne crée un nouveau virus.

Sortir du labyrinthe des étiquettes

Alors que faire face à ces comportements toxiques ? Trois pistes émergent :

  1. Privilégier les diagnostics validés : TPA, TPN ou trouble borderline offrent des cadres d’analyse précis
  2. Contextualiser les actes : Un manque d’empathie peut signifier dépression, autisme ou simple fatigue
  3. Décrire plutôt que juger : Au lieu de « pervers narcissique », parler de « stratégies de manipulation intermittentes »

Comme l’écrivait Borges, « la carte ne doit pas remplacer le territoire ». Coller des étiquettes fantaisistes sur des souffrances réelles, c’est risquer d’obscurcir leur traitement.

Conclusion : Vers une psychologie des nuances

Derrière le mythe du « pervers narcissique » se cache une vérité plus complexe : la psyché humaine refuse les cases trop étroites. En abandonnant ce terme fourre-tout, nous gagnons une chance – celle de comprendre vraiment ce qui se joue dans ces relations douloureuses. Non pas des monstres, mais des fragilités qui se blindent maladroitement. Non pas une nouvelle pathologie, mais d’anciennes blessures mal nommées.

La prochaine fois que vous croiserez ce terme, souvenez-vous : en médecine comme en amour, les diagnostics hâtifs sont souvent les pires erreurs.

Référence scientifique

American Academy of Child and Adolescent Psychiatry. (2019). [Title not specified]. *Journal of the American Academy of Child & Adolescent Psychiatry*, [Volume(Issue)], [Page range]. https://doi.org/[DOI non trouvé]
(Note : Les détails manquants (titre exact, volume, numéro, pages, DOI) nécessitent une vérification directe sur la source.)

Jean-Baptiste ALEXANIAN

Alexanian, J.-B. (2025). Si il n’est pas « pervers narcissique », alors il est quoi?. [Article de blog]. URL: https://www.youtube.com/watch?v=07tV-rbCmLk

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