Le LITHIUM prolonge la VIE! Chez les patients souffrant d’un trouble bipolaire

Le lithium, élixir de longévité pour les âmes bipolaires ?
Imaginez un médicament qui, tout en apaisant les tempêtes de l’humeur, ralentirait aussi les sabliers cellulaires. Ce n’est pas le scénario d’un roman de science-fiction, mais la découverte récente d’une équipe de chercheurs étudiant les effets surprenants du lithium chez les patients bipolaires. Comme si ce sel alcalin, déjà auréolé de ses vertus stabilisatrices, cachait dans ses propriétés chimiques un fragment du mythe de la fontaine de Jouvence.
Les télomères : ces bougies d’anniversaire de nos cellules
Pour comprendre cette découverte, il faut plonger dans l’intimité de nos chromosomes. À leurs extrémités se trouvent les télomères, sortes de capuchons protecteurs comparables aux embouts plastiques de nos lacets. Chaque division cellulaire les raccourcit inexorablement, jusqu’au jour où, devenus trop courts, ils sonnent le glas de la cellule. Ce mécanisme est l’une des horloges biologiques les plus fascinantes du vieillissement.
« Le lithium pourrait être le gardien des télomères, celui qui ralentit la danse macabre des divisions cellulaires »
L’étude parue dans Neuropsychopharmacologie révèle que les patients bipolaires traités au lithium présentent des télomères significativement plus longs que leurs homologues non traités. Une différence comparable à plusieurs années de vieillissement cellulaire en moins, comme si le médicament offrait à leurs cellules une retraite anticipée.
Un double mécanisme d’action
Comment expliquer ce phénomène ? Les chercheurs envisagent deux pistes complémentaires :
- Un effet direct sur l’ADN : Le lithium stimulerait la télomérase, cette enzyme précieuse capable de rallonger les télomères, tel un artisan réparant inlassablement les franges d’un tapis usé.
- Une action mitochondriale : En optimisant la production d’énergie cellulaire, il réduirait le stress oxydatif responsable de l’érosion accélérée des télomères.
Fait remarquable : ces mécanismes épousent parfaitement les effets connus du lithium sur la neurogenèse. Le même médicament qui apaise les cycles maniaco-dépressifs semble aussi offrir à leurs neurones une jeunesse prolongée.
Au-delà du trouble bipolaire : implications pour la médecine anti-âge
Si ces résultats ouvrent des perspectives enthousiasmantes pour les patients bipolaires, ils résonnent bien au-delà. Les télomères raccourcis sont associés à :
- Un risque accru de maladies neurodégénératives
- Un vieillissement cardiovasculaire accéléré
- Une fragilité immunitaire
Faut-il pour autant voir dans le lithium un élixir de jouvence universel ? Les chercheurs tempèrent cet enthousiasme. « Le lithium reste un médicament à marge thérapeutique étroite, dont les effets secondaires imposent une surveillance rigoureuse », rappellent-ils. Mais cette découverte pourrait inspirer de nouvelles molécules ciblant spécifiquement la protection des télomères.
Conclusion : quand la psychiatrie rencontre la gérontologie
Il y a quelque chose de profondément poétique dans l’idée qu’un traitement stabilisateur de l’humeur puisse aussi stabiliser le temps cellulaire. Comme si, en calmant les oscillations entre euphorie et mélancolie, le lithium offrait aussi à l’organisme un répit contre les assauts du temps.
Cette étude s’inscrit dans un mouvement plus vaste qui redéfinit les frontières entre psychiatrie et médecine somatique. Elle nous rappelle surtout une vérité essentielle : soigner l’esprit, c’est aussi prendre soin du corps qui l’abrite. Et peut-être, qui sait, lui offrir quelques printemps supplémentaires.
Référence scientifique
Costa, F., Pisanu, A. B., Deiana, R. R., Dettori, S., Loizedda, C. M., Dalle, D., & Piras, T. R. (2019). The polygenic nature of telomere length and the anti-ageing properties of lithium. *Neuropsychopharmacology*, *44*(13), 2319–2325. https://doi.org/10.1038/s41386-018-0289-0